vendredi 20 mars 2015

Bienveillance bien ordonnée...

*illustrations par Clémentine La Mandarine

"Ce que la bienveillance à changé dans ma relation avec les autres et avec moi-même"

Lorsque Clémentine La Mandarine m’a proposé de traiter cette thématique en article invité sur son blog dans le cadre du défit de mars sur la bienveillance, j’ai tout de suite été emballée!
Car en effet, on entre souvent dans la bienveillance pour l’éducation des enfants, en pensant qu’il s’agit avant tout d’une technique éducative adaptée aux Minipouces. Alors plein de bonnes intentions, le parent que nous somme se lance dans l'aventure, pensant que cela affectera seulement la facette parentale de sa vie... que néni! il s'agit là d'une belle erreur, et si je dis "belle" c'est parce que découvrir que c'est une erreur constitue une vraie jolie surprise...

 Entre les différents acronymes, de blog en forum et de lectures en vidéo, je suis un jour tombée sur la CNV : Communication Non Violente ; je me rappelle très bien de ce post sur un groupe de parentalité positive avec un lien vers une vidéo de Marshall Rosenberg, père de la CNV (à visionner ICI). Je me souviens d’avoir été étonnée en voyant ce monsieur à la mine austère duquel j’attendais plus un sermon qu’une leçon joyeuse de vie. Je me souviens m’être demandé s’il s’agissait d’une blague lorsqu’il à sorti sa guitare pour chanter un air qui m’a semblé plutôt niais… je me souviens m’être installée plus confortablement dans mon fauteuil et avoir posé mon ouvrage, moi qui bricole toujours en regardant la télé… je me souviens l’avoir trouvé incroyablement drôle et sérieux à la foi, et je me souviens m’être dit « comme j’aimerai être une girafe ! »



J’avais découvert la communication girafe, la CNV entre adultes. Quelle découverte incroyable ! je suis aujourd’hui une totale débutante en la matière, je ne donnerai donc ici aucune leçon, juste un ressenti : cette découverte pourrait changer ma vie… mais quel travail pour devenir une vraie girafe, chasser le langage chacal de nos vie. Rosenberg explique que derrière toute colère, énervement, agressivité se cache un besoin inassouvi ; et si vous regardez à la vidéo vous comprendrez qu’il est en réalité très dur d’identifier ses propres besoins, de les différencier de ses émotions et qu’il est encore plus dur d’identifier ceux des autres, et encore plus dur de décrire une situation sans la juger.

Mais comment l'être humain peut-il alors se dire "évolué" et dans le même temps ne pas savoir identifier ses besoins primaires ou différencier une émotion d'un jugement de valeur?

Pourtant, mieux identifier nos propres sentiments, nos besoins non satisfaits, et ensuite ceux des autres, n'est-ce pas la clé de la compréhension humaine? la compréhension de l'autre n'est-elle pas elle-même la clé vers la tolérance?






Ce qui m’a frappé chez Marshall m’avait également frappé en lisant « parents efficaces au quotidien » de Gordon, et aussi dans tous les ouvrages de Filliozat : Le « message JE »
Tous ces spécialistes de la bienveillance nous enseignent une chose commune : bien communiquer avec son enfant, avec un autre être humain, c’est exprimer ses émotions par un message « je », dire que l’on ressent. Tout l’inverse du discours traditionnel qui dit que parler de soi, dire « je » sans arrêt c’est EGOISTE. C’est du moins ce que j’ai toujours cru, et là, ces gens là m’expliquent que dire « JE » c’est bienveillant, altruiste ? attendez, on m’aurait mentit ??

En y réfléchissant 2 minutes c’est pourtant plein de bon sens : comment communiquer correctement si on n’explique pas à l’autre ce que l’on ressent, ce qui nous blesse, ce que l’on attend de lui, ce que ces actions provoquent en nous ? comment cet Autre pourrait il répondre à nos attentes si nous même nous ne savons pas les identifier et lui exprimer ?




IL N’Y A PAS DE BIENVEILLANCE ENVERS LES AUTRES SANS BIENVEILLANCE ENVERS SOI MEME

Cette révélation  m’a beaucoup bousculé je dois dire, car je fais partie de cette catégorie de personnes pour qui être bienveillant envers les autres est plus naturel que de l’être envers moi-même. Découvrir que je devais franchir cette étape pour avancer, en particulier avec mes enfants, à été plutôt douloureux car , comment dire…. Ya du boulot !
Mais là encore, c’est une histoire de bon sens… nous sommes le modèle de nos enfants : comment espérer qu’ils nous parlent bien si nous parlons mal de nous ? comment attendre d’eux qu’ils maitrisent leurs émotions si nous-mêmes nous laissons submerger par notre colère ?



Alors si comme moi vous avez des problèmes d’estime et que vous souhaitez une éducation bienveillante pour vos enfants, laissez-moi vous faire gagner un peu de temps : la chose la plus importante et la plus rentable en termes de résultats sur votre famille que vous pouvez faire c’est de travailler sur ce point précis : la bienveillance envers vous-même. 
Soyez indulgent, d’autant plus que vous débutez dans la bienveillance, travaillez sur la maitrise de vos émotions et trouver un support qui vous convienne (méditation, course à pied, autre sport, même thérapie si cela vous semble nécessaire) parce qu’il est inutile de vous voiler la face : tant que vous n’aurez pas entamer ce travail, tout le reste ne servira à pas grand-chose ; vous connaitrez de petites victoires mais vous ne pourrez pas être le parent bienveillant que vous voulez devenir sans avoir d’abord améliorer votre relation avec vous-même.

Cela vous semblera peut être dur à lire mais croyez-moi je viens de vous faire un cadeau alors faites comme moi : pleurez un bon coup et attaquez vous à votre faille narcissique, armé de votre toute nouvelle conviction que vous aimer plus vous permettra d’aimer mieux vos enfants… mais aussi d’être un meilleur être humain

*un grand merci à Clémentine La Mandarine d'avoir illustré mon article!